Cours de l’or : le métal jaune peut-il encore briser ses records historiques en zone euro ?

Alors que l’économie européenne navigue entre une inflation persistante et des taux d’intérêt fluctuants, l’or confirme son statut de valeur refuge. Entre tensions géopolitiques aux portes de l’Europe et politiques des banques centrales, analyse des facteurs qui pourraient propulser l’once vers de nouveaux sommets d’ici 2030.

Le contexte actuel : l’or face à l’incertitude européenne

Dans un environnement économique mondial marqué par l’instabilité, la question de la valorisation de l’or se pose avec acuité pour les épargnants francophones. En 2024, le métal jaune ne se contente plus de jouer son rôle traditionnel de bouclier patrimonial ; il s’inscrit dans une dynamique de croissance soutenue. Le cours a franchi des seuils psychologiques importants, s’installant durablement au-dessus des 2 000 dollars l’once, et marquant également des records en euros.

Cette résilience s’explique par une transformation du marché. Outre les investisseurs particuliers qui se tournent vers les pièces (Napoléon, Krugerrand) et les lingots, les banques centrales — notamment dans les pays émergents, mais aussi en Europe de l’Est — accumulent des réserves d’or à un rythme soutenu pour diversifier leurs actifs hors du dollar américain.

Les mécanismes économiques : taux, inflation et parité Euro/Dollar

Pour comprendre l’évolution future du cours, il est essentiel de décrypter les mécanismes financiers qui régissent le marché de Londres (LBMA) et ses répercussions en zone euro.

L’impact des taux réels et de l’inflation

Historiquement, l’or performe lorsque les taux d’intérêt réels (le taux directeur moins l’inflation) sont faibles ou négatifs. Bien que la Banque Centrale Européenne (BCE) ait relevé ses taux pour contrer l’inflation post-Covid, la persistance d’une hausse des prix maintient l’attractivité de l’or. Contrairement à la monnaie fiduciaire, dont la valeur peut être diluée par la création monétaire, l’or physique possède une offre limitée qui le prémunit contre l’érosion monétaire à long terme.

La corrélation inverse avec le Dollar et l’effet de change

Pour l’investisseur belge ou français, le taux de change Euro/Dollar est un paramètre crucial. L’or étant coté en dollars sur les marchés internationaux, une baisse de l’euro face au billet vert renchérit mécaniquement le prix de l’or en monnaie unique. Ainsi, même si le cours de l’or stagne en dollars, un affaiblissement de l’économie européenne pourrait paradoxalement faire grimper le prix du lingot à Bruxelles ou Paris.

Géopolitique : le poids des crises sur le marché des métaux

L’histoire du cours de l’or est indissociable des crises majeures, de la fin des accords de Bretton Woods en 1971 à la crise des subprimes de 2008.

Le retour du risque souverain en Europe

Le conflit en Ukraine et les tensions au Moyen-Orient agissent comme des catalyseurs pour le cours du métal précieux. En période de conflit armé ou d’incertitude diplomatique majeure, les capitaux fuient les actifs risqués (actions, obligations d’entreprises) pour se réfugier vers des valeurs tangibles. Cette « prime de risque » géopolitique soutient les cours à des niveaux élevés, les investisseurs institutionnels cherchant à sécuriser leurs portefeuilles face à l’imprévisibilité des marchés boursiers.

Perspectives et prévisions : les scénarios pour 2025 et 2030

Si toute prévision financière doit être considérée avec prudence, les indicateurs techniques et fondamentaux laissent entrevoir une tendance haussière sur le moyen et long terme.

Vers de nouveaux records ?

Selon plusieurs analystes du secteur, la combinaison d’une demande soutenue des banques centrales et d’une offre minière qui peine à augmenter pourrait créer un déficit structurel. Des projections évoquent la possibilité que l’once dépasse les 3 000 dollars (soit environ 2 700 à 2 800 euros selon le taux de change) à l’horizon 2025-2030. Cette hypothèse repose sur le maintien d’une inflation supérieure aux objectifs des banques centrales et sur une transition énergétique gourmande en ressources, qui pourrait indirectement valoriser l’ensemble du secteur des métaux.

Il convient toutefois de noter que l’or reste un actif volatil à court terme. Une résolution soudaine des conflits géopolitiques ou une politique monétaire très restrictive pourraient entraîner des corrections passagères.

Le cadre fiscal belge : un atout pour l’investisseur

Pour les résidents belges, l’investissement dans l’or physique bénéficie d’un cadre particulièrement favorable. Contrairement à d’autres produits financiers, l’achat d’or d’investissement (pièces frappées après 1800, lingots d’une pureté supérieure à 995 millièmes) est exonéré de TVA en Belgique, comme dans le reste de l’Union européenne. De plus, la Belgique se distingue par l’absence de taxation sur la plus-value lors de la revente pour les particuliers agissant dans le cadre de la gestion normale de leur patrimoine privé, ce qui renforce l’attrait de cet actif pour la transmission et la préservation du capital.

En conclusion, si nul ne peut prédire l’avenir avec certitude, les fondamentaux économiques et le contexte international actuel placent l’or dans une configuration favorable. Il demeure, pour l’investisseur européen, un outil de diversification essentiel face aux incertitudes monétaires.

Sources et références :